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Manali

par Robert Vérité 23 Mai 2017, 06:57

Samedi 20 mai
Nous partons pour le week-end à Manali. Nous avons réservé l'aller-retour avec Ramesh, notre chauffeur de taxi habituel. Une amie chilienne aurait pu nous accompagner, mais, devant quitter McLeod Ganj prochainement, elle se désista. La route devait être longue : 7 heures, nous avait affirmé, lors d'un voyage précédent, notre conducteur. Cela s'avéra plutôt avoisiner les huit heures. Nous avons pris rendez-vous à six heures. Nous n'avons pas pu réserver de chambre d'hôtel. Ramesh, bien que nous annonçant que Manali était « full » à cette époque, nous rassura. « Don't worry ! J'ai un ami là-bas. » Et au cours du trajet, il passa et reçu plusieurs coups de fil.
La route sinueuse et souvent en mauvais état, suit l'une des chaînes de l'Himalaya, direction sud-sud-est, par Palampur et Baijnath, jusqu'à Mandi. Là, elle prend la direction est, avant de bifurquer une nouvelle fois plein nord, par un très long tunnel. Dans ce tunnel, comme sur une route normale, les véhicules se doublent allègrement. Nous suivons depuis un certain temps le cours de la rivière Beâs qui s'élargit en un vaste plan d'eau retenu par un barrage. Puis nous la remontons sur sa rive gauche, d'abord à flanc de montagne puis, à partir de Kullu, au plus près, au fond de la vallée.
Peu avant l'arrivée, Ramesh reçoit un coup de fil inquiétant : son ami lui annonce qu'il n'y a pas une chambre de libre dans tout Manali. « But don't worry ! ». Nous allons essayer de trouver un hôtel sur la route, avant d'entrer dans la ville. Un premier essai est infructueux, un deuxième aussi. A la troisième tentative, on nous montre une chambre au troisième étage, grande mais qui sent le renfermé. Lit double qui semble correct, vieille télévision avec décodeur, salle de bain relativement propre avec petit chauffe-eau. Comme « il vaut mieux tenir que courir », nous acceptons. A la réception, je donne une photocopie de mon passeport et on me demande de régler immédiatement. « Two thousand roupies. » Cela nous paraît bien cher pour le standing de l'endroit, mais nous n'avons guère le choix et ils le savent.
Nous installons nos bagages. Pas de serviette ni de papier toilette ! Nous en commandons. J'ouvre un volet de la fenêtre pour aérer un peu la chambre. Un « groom » nous montre le combiné du téléphone et nous indique qu'il faut appeler la réception, au moindre problème. Il nous propose de l'eau ; « Naturelle ou gazeuse ? ». Nous refusons car nous partons immédiatement pour la ville.
L'explication pour cette pénurie de chambre dans une petite ville où les hôtels sont si nombreux tient en trois mots : « rafting, paragliding et trekking ». Auxquels on pourrait ajouter, « smoking », tant il semble que le hashish, même s'il est formellement interdit ici, fait partie des coutumes de nombreux touristes.
Nous repartons, vers le centre ville et grimpons vers « Old Manali ». Nous longeons la station des bus complètement saturée. En montant vers la vieille ville, les embouteillages deviennent terribles. Le chauffeur nous fait descendre et nous continuons à pied. Nous traversons une petite rivière où des câbles relient les deux rives et des treuils ont été installés qui servent de terrain de jeu à de jeunes aventuriers en mal d'adrénaline.
Nous nous arrêtons pour manger quelques pâtisseries. La rue principale est bordée de cafés et de boutiques pour touristes.
Continuant vers la droite nous accédons au « Manu Temple » où une cérémonie se déroule. Sur la terrasse jouxtant le sanctuaire, deux statues dorées enrubannées et décorées de multiples fleurs, posées sur des brancards portés eux-mêmes par deux jeunes hommes robustes, oscillent au gré du balancement de ces derniers. Ceux-ci font quelques pas, en avant, en arrière, de côté, suivant la litanie d'un officiant manifestement en transe et qui chante des prières. La foule les entoure, assise sur le muret bordant la terrasse ou debout, attentive, mains jointes devant le visage, et en prières. A la fin de la cérémonie, les statues sont rentrées dans le temple et les assistants se retirent lentement en bavardant.
Nous continuons la visite du village où subsistent de très vieilles maisons en bois et redescendons retrouver notre taxi. Tâche ardue car il se trouve perdu dans les bouchons.
Il nous emmène ensuite au Hadimba Temple, monument historique indien construit en 1553. Sa tour se compose de trois toits carrés recouverts de carreaux de bois et d'un quatrième en forme de cône en laiton. La déesse de la Terre Durga forme le thème des sculptures des portes principales. Une énorme roche occupe l'intérieur du temple. Seule s'y trouve une image en laiton de 7,5 cm de hauteur représentant la déesse Hidimba Devi. Une longue queue attend devant l'entrée. Après la visite de la « caverne » et une petite offrande, on dépose dans nos paumes quelques grains de riz soufflés que les participants dégustent en sortant. Nous en gardons pour notre chauffeur : lui aussi fait la même chose en quittant son lieu de prière.
Le lieu, très touristique, a été transformé en parc d'attraction avec des femmes portant, dans leur bras, de gros lapins angora, et des animateurs en costume traditionnels, pour les photos, des manèges et d'énormes yaks qui transportent les enfants sur leur dos. C'est un point de rendez-vous pour les familles.
Le retour vers la ville est toujours aussi compliqué et Ramesh nous conseille de continuer à pied : ce sera plus rapide. Nous arrivons vite au « Mall », l'artère commerçante de la ville nouvelle. Il est 18 heures 30 et elle est noire de monde : les bancs sont tous occupés, des flâneurs déambulent en groupe, bavardant, s'arrêtant devant les boutiques, entrant dans les cafés.
Nous avons faim. Le « routard » nous propose deux bons restaurants tibétains face à la station de bus. L'un manque de lumière, à l'intérieur. Nous choisissons l'autre. Partout, en ville, les chalands sont alléchés par des offres de truites. En effet, la rivière qui traverse la ville semble tout à fait propice à leur habitat. Je choisis un « fish in garlic sauce » qui s’avère, comme toujours, bien épicé. Je me rend compte que la même sauce sert à préparer les viandes et les poissons !
Nous sommes de retour à l'hôtel. Nous nous apercevons alors qu'il n'y a qu'une seule targette pour fermer la porte de l'intérieur, la serrure centrale ne fonctionnant pas, que de serviettes nous n'en avons qu'une seule et qui n'est pas allée, récemment, au repassage, que le papier a séjourné certainement dans des lieux peu recommandables et n'a d'hygiénique que le nom, qu'il n'y a, dans le lit, qu'un seul drap, celui du dessous. Mais nous sommes bien fatigués et nous nous écroulons dans nos beaux rêves.

 

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