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Fin de trimestre

par Robert Vérité 31 Mai 2017, 16:22

Mardi 30 mai
Le trimestre scolaire se termine aujourd'hui, à Tibet Charity. J'ai rendu à la responsable un classement de mes élèves. Ils sont quatorze, pré-intermédiaires et débutants confondus. D'ailleurs le mélange est valide dans la mesure où certains de mes débutants ont un degré de connaissance en français plus élevé que d'autres du niveau supérieur. Les deux meilleures (ce sont des femmes) recevront un diplôme d'excellence.
La cérémonie se passe à la bibliothèque en présence du Directeur, des responsables de l'éducation et des volontaires étrangers. Nous sommes assis à côté de la porte, dans des fauteuils derrière des tables. Des rangées de chaises sont installées le long des autres murs. Elles sont très vite occupées par les premiers étudiants arrivés. Les autres s’assoient sur le sol nu. La responsable des cours, en maîtresse de cérémonie, s'installe au pupitre et commence un long discours de remerciements s'adressant aux étudiants mais aussi et surtout aux professeurs bénévoles. Elle est relayée par le Directeur lui-même qui poursuit en anglais puis en tibétain.
Les trois enseignants d'anglais, qui sont sur le départ définitif, reçoivent une écharpe blanche et une mini-stèle indiquant la durée de leur séjour à Tibet Charity. Moi, je ne reçois que l'écharpe, mais le Directeur me précise que la mini-stèle me sera remise à mon départ, c'est-à-dire dans un mois.
Les étudiants sont appelés à la tribune pour dire quelques mots sur le cours qu'ils viennent de suivre. La première à s'exprimer est Lhakyi qui apprend le français. Quelques autres s'expriment pour les cours d'anglais. Puis, c'est aux professeurs de prendre la parole. Et c'est à moi, le dernier de la rangée à commencer. En anglais, bien sûr !!
J'indique que n'ai jamais demandé à venir à McLeod Ganj : on m'a appelé. France, l'ancienne professeur de français, m'a envoyé un message m'expliquant qu'elle travaillait ici, qu'elle était sur le départ et m'a demandé si je pouvais trouver quelqu’un pour la remplacer. J'ai hésité un peu, j'ai demandé des explications sur les conditions de séjour. J'ai émis des doutes sur mes capacités à enseigner à des débutants alors que je n'avais plus fait ça depuis près de cinquante ans. J'ai eu des tas d'autres fonctions éducatives. Mais me retrouver face à des étudiants débutants ….... Elle m'a dit qu'elle était sûre que cela marcherait, qu'elle-même n'avait pas enseigné depuis longtemps, que la qualité principale que souhaitait Stephel, la coordinatrice des cours, c'était de « l'enthousiasme ». J'ai répondu que, si j'allais à Tibet Charity, je travaillerais avec rigueur, avec détermination, que je ferais le mieux que je pourrais, comme j'ai toujours fait, au cours de ma carrière. Mais que je ne savais pas ce qu'elle voulait dire avec « ENTHOUSIASME ».
Après trois mois de travail ici, maintenant, je sais ce que c'est que l'« enthousiasme ». Je ne sais pas si les étudiants ont beaucoup appris avec moi. Mais ce que je sais, c'est que eux, ont su m'enseigner l'enthousiasme. Et que, si je reste un mois de plus à Tibet Charity, c'est grâce à eux, grâce à leur gentillesse, leur sourire, leur joie franche de se retrouver chaque jour dans la classe.
Puis les autres professeurs expriment à leur tour leur vécu.
Nous distribuons les récompenses aux meilleurs étudiants. Il y a deux intermèdes, avec une guitare La première chanson vient d'être improvisée et reprend tout simplement : « Thank you, professeurs, thank you », avec quelques variantes. L'autre chanteur est plus « professionnel ».
Puis nous sortons sur la terrasse pour les photos de groupes. Nous recevons, de la part de chacun de nos étudiants, de longues écharpes blanches qui sont des marques de remerciement et de respect. J'en ai tellement qu'elles dissimulent mes cheveux et ma barbe !!
Les miens m'offrent aussi de très beaux cadeaux, des écharpes en poils de yak ainsi que deux petits thangka reprenant des pensées de la philosophie bouddhique ainsi que des motifs rituels. C'est, pour moi, un grand moment d'émotion.
Puis nous les accompagnons en ville, dans un petit restaurant où ils nous ont invités, Esther et moi. Belle journée, vraiment.
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